(22 mars 2022) La situation militaire des ukrainiens n’est pas bonne.
Au niveau militaire, le timing « militaire » n’a rien avoir avec le timing « médiatique ».
Nous ne sommes pas dans l’ère du Tweet mais dans celle d’une réalité bien plus complexe.Dire que les russes ont échoué est un raccourci dangereux et faux.Les progressions russes sont importantes après 3 semaines de combat….des éléments avancés sont en profondeur en Ukraine à plus de 200km de leurs bases de départ.
Il est évident qu’avec un timing pareil, la logistique est logiquement un problème mais n’est pas non plus une surprise. N’importe quelle armée aurait eu cette problématique à gérer.
En 91 les américains marquent des pauses « logistiques » alors même que 100’000 sorties aériennes avaient précédé l’assaut terrestre….et n’arrivent plus à avancer au bout du 6éme jour à cause de problèmes logistiques.
Les russes ont attaqué sans préparation aérienne et se sont enfoncés partout où ils ont attaqué.Les grandes villes échappent au contrôle mais dans une logique de Blitzkrieg c’est logique…..les allemands n’ont pas eu à entrer dans les villes en combattant en 40 car les français « abdiquent » avant ces combats.
Les Ukrainiens entraînent, eux, les Russes dans les combats urbains en faisant de points de fixation autour…au bout d’un 1 mois la carte montre une progression nette des russes surtout au sud avec des trous béants sur les lignes de front : aucune des 2 armées n’ayant les moyens de tenir vraiment un front !Les ukrainiens subissent et n’ont pas l’initiative laissant les russes choisir le prochain round et le terrain.
Au bout d’1 mois, la situation ukrainienne est toujours très problématique sur le plan militaire avec des menaces d’encerclement permanentes en particulier sur leurs forces au sud-est qui se trouvent dans une situation très très compliquée.L’aviation ukrainienne n’est pas morte mais ne peut effectuer que très peu de sortie par jour plus pour la gloriolle que pour une réelle efficacité…La situation Ukrainienne si on lit une carte après 1 mois et si on compare avec d’autres guerres à haute intensité (malheureusement pas récente) n’est pas bonne du tout.
Si les Russes bouclent à l’ouest en prenant Odessa en redescendant (et ils peuvent mettre 1 mois pour le faire), 30 % à 40% de l’Ukraine « industrieuse » sera prise.Les Russes pourront alors figer la ligne de front et se mettre en position défensive …les Ukrainiens sans aviations et aide extérieure ne pourront pas les déloger.Sans aide extérieure, improbable, les Russes gardent l’initiative et les Ukrainiens s’épuisent.Si certains encerclements réussissent sur les troupes ukrainiennes les plus expérimentées , un basculement rapide peut avoir lieu sur le terrain….ces unités pro sont fortement sollicitées et doivent faire les pompiers de partout…si elles sont massacrées, l’Ukraine n’aura plus que le recours à la mobilisation générale (70% des hommes en Ukraine se sont portés volontaires) qui sera coûteuse et compliquée avec une grande majorité des gens envoyés comme chair à canon face aux russes…Les Russes vont tenter de détruire maintenant ces unités « pivots » ukrainiennes en les entraînant dans des pièges tactiques…..et vont certainement abandonner leurs objectifs « urbains » pour un temps donc laisser Kyiv plus tranquille, Dnipro et Zaporoje aussi tant que les combats essentiels d’épuisement des unités ukrainiennes n’auront pas eu lieu et cela peut durer.
Cela ne veut pas dire que l’Ukraine ne peut pas « gagner » mais que pour l’instant on ne voit vraiment pas comment elle le pourrait.Si les Russes arrivent à terminer ces objectifs en 2 ou 3 mois….le gouvernement Ukrainien sera dans une situation intenable et devra certainement négocier.Les russes, eux, auront appris de cette campagne et savent où ils devront renforcer leurs stratégies en particulier l’interarmes mais cette armée russe – si elle boucle en 3 mois l’Ukraine et force le gouvernement ukrainien à négocier – serait largement capable d’attaquer sans trop de soucis n’importe quel autre Etat à ses frontières …je ne suis pas sur que l’OTAN puisse arrêter une progression russe si son aviation est mise en échec et le conflit n’a pas montré comment la défense anti-aérienne russe manœuvre – pas du tout -Avec une dizaine de sortie par jour l’aviation ukrainienne fait de la figuration et les russes n’ont pas avancé leurs unités de défense anti-aerienne les plus modernes…
=== sur la no-fly zone (blog B2 )
De la difficulté d’établir une No Fly Zone. Faire respecter une zone d’exclusion aérienne suppose non seulement de contrôler le ciel de la zone, mais aussi au préalable de détruire systématiquement au sol toute capacité de réaction possible : avions, défense anti-aérienne. Et aussi de veiller à ce qu’autour de cette zone, il n’y ait pas de capacité possible de réaction. Avec la Russie et la Biélorussie aux alentours, tout comme la Crimée ou le Donbass et les zones déjà conquises par les Russes (Kherson par exemple), cela apparait très difficile. En fait pour pouvoir être efficace, à moindre coût, la No Fly Zone doit être déclenchée par anticipation avant le début des opérations. C’est donc dès janvier, voire l’année dernière que les avions de l’OTAN auraient dû se déployer au-dessus de l’Ukraine, afin d’assurer la maitrise du ciel. Quitte à se heurter alors à l’aviation ou la défense anti-aérienne russe (basée dans le Donbass ou en Crimée).
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