La guerre des impérialismes : comment l’Ukraine est devenue la ligne de front entre 2 impérialismes.
Nous sommes habitués , nous occidentaux, à vivre decemment grâce – in fine – à la puissance de notre influence.
Nous n’avons pas de voisins nous menaçant de retorsions économiques ou militaires après des incartades X ou Y.
C’est par contre le lot des pays « barbares » , au sens romain c’est à dire en dehors de nos frontières, qui peuvent se voir « punir » en fonction de certains agissements plus ou moins prouvés.
Nous, depuis la fin de la seconde guerre mondiale et bien avant pendant la période coloniale, nous vivions en haut d’une pyramide dont beaucoup ignorait l’existence par naiveté ou par déni.
Dans le « Oui-Oui Land » des bobos nous sommes des gentils pédaleurs qui éteignons bien les lampes pour ne pas tuer une baleine en Malaysie. Nous sommes les gentils.
L’Occident victorieux avait aplati toutes les concurrences construisant sur ses dogmes (droits de l’homme et écologie maintenant) un discours dominant qui devait pétrifier tout contradicteur dans la honte de sa propre existence « en dehors de l’empire ».
Certes, l’Europe et les Etats-Unis, le Canada etc.. avaient construit des sociétés globalement moins violentes en terme politique que les sociétés « tierces » « barbares » où les oppositions ne sont pas massacrées à coup de machettes ou internées en asile psychiatrique.
Mais ces occidentaux en dehors de leurs frontières ont continué à se comporter comme tout bon sauvage massacrant ses concurrents bombardant quand même bien tout ce qui était bombardables : femmes serbes, enfants irakiens ou encore vieillards lybiens….aucun soucis
Lors des épisodes « COVID », les gentilles démocraties occidentales se sont comportées comme leurs voisins chinois ou russes en mettant en place des apartheids sanitaires sans l’ombre d’un début de remords.
Pour la première fois, le comportement « à l’étranger » est devenu la norme « chez soi ». Les opposants poursuivis sous des faux prétextes, des médecins radiés …bref tout l’attirail que nous pensions être l’attirail des méchants a été employé contre les élus de l’Olympe sociétal que nous sommes.
Fichtre, nous les gentils avons les mêmes méchants au pouvoir, peut être plus intelligents mais méchant quand même.
Après ces 2 ans de COVID et les énormités politiques qui ont été mises en place par des « démocrates », la Guerre en Ukraine tombe mal.
Comment alors mobiliser des opinions pour soutenir légitimement un pays attaqué par son voisin alors que les puissances qui le soutiennent se sont mal comportés à plusieurs reprises dans un passé très récent…inventant des faux prétextes d’invasion (l’Irak par exemple) pour tuer 1 million de personne.
Evidemment que bon nombre de gens ne peuvent pas passer à coté du triple ou quadruple discours occidental.
Nous ne pouvons pas reprocher à un Serbe de se sentir mal à l’aise dans la défense de l’OTAN en Ukraine.
Difficile de prendre à témoin un Irakien sur la légitimité Russe en Ukraine ou pas.
L’Occident n’a jamais cessé d’être une puissance dominante et expansionniste au niveau économico-politique car la géostratégie mondiale c’est précisement cela : les puissances jouent de leurs influences pour augmenter le niveau de vie de leurs propres populations. C’est très égoiste mais malheureusement c’est la réalité du monde depuis que les hommes existent je pense.
Hors la Russie de Poutine avait une autre ambition : celle de pouvoir sortir son peuple, son régime, ce que vous voulez, d’un futur tout tracé vers une puissance de seconde zone avec à la clé une dépendance de plus en plus fort vis à vis des occidentaux ou des indiens ou des chinois.
Poutine n’a pas réussi à transformer son pays en puissance économique « stable »…il n’a meme pas pris le tournant chinois car il a perdu l’autocratie avec l’union soviétique. La Russie est un état « fort » mais pas une dictature militaire au sens strict du terme et à priori la marché forcée chinoise de ces 30 dernières années a besoin d’un baton beaucoup plus dur que le baton « mou » d’un état fort russe.
Poutine a échoué à donner à son pays une aura économique suffisamment forte pour que l’influence qui en découle puisse lui être favorable dans les luttes d’influence future. Sa population décline, les russes qui ont de l’argent ou sont éduqués partent dès qu’ils le peuvent…en occident.
Le basculement de la population Ukrainienne peu à peu depuis le début des années 2000 vers l’occident s’est fait de manière naturelle : le soviétisme n’est sexy que pour les cas sociaux et les romantiques du « malheur romancé ». Dans la vie de tous les jours, l’occident est nettement plus attractif pour la quasi totalité d’une population qui sait lire et écrire. La preuve, les plus grands « pourfendeurs » de l’Occident vivent quand même tranquillement chez nous…critiquer oui mais ne pas y vivre non.
Bref ce pouvoir d’attraction « par gravité presque physique » de l’Occident n’est pas « combattable » si la Russie est incapable de monter fortement le niveau de vie général de sa population. Cela n’a pas été le cas, des régions entières de Russie voient encore des villages sans WC « privé » comme la France des années 50, des zones sont des zones sinistrées rongées par l’alcool, l’ennui et l’absence de la moindre perspective d’avenir. Le peuple que Gorki voyait « ignorant, violent et paresseux » est toujours là et bien là….c’est la réalité des campagnes russes qui n’a rien à envier aux zones les plus pauvres de la planète.
Le modèle ne peut pas être un modèle car derrière les villages Potemkine se cachent la même misère, la même corruption et la même lassitude presque génétique de la vie.
Ce match était perdu.
L’Ukraine allait basculer complétement. La Biélorussie suivrait certainement bientôt et la Russie allait produire des générations de citoyens bons à torcher le cul des chinois ou des américains….sans espoirs.
Poutine et les cercles autour de lui ont pensé que la force pourrait inverser une nouvelle fois le cours de l’histoire.
En cela, au delà des horreurs d’une guerre imposée à des innocents, son constat est peut être très « lucide » . Il n’est pas fou.
Un Etat se développe « de nouveau » par la colonisation. Les périodes les plus fastes de l’Occident sont issues de la colonisation, de l’appropriation par la force de ressources.
Pas besoin de tourner autour du pot, la Russie a un passé colonial « fort » et une pensée « coloniale » « construite ». Les Russes savent que conquérir, si on en a les moyens, est le passage obligé d’un renouveau économique.
Il se trouve que l’Ukraine est un grand pays avec beaucoup de ressources.
En cela, la guerre Russe est bien impérialiste et coloniale : elle répond à une dynamique interne qui la pousse à attaquer ses voisins pour s’approprier leurs ressources afin d’augmenter sa propre puissance et – in fine – le niveau de vie de sa propre population.
En face, le bloc occidental sait que perdre en Ukraine donnerait carte blanche aux Chinois pour contester le leadership mondial cette fois-ci et permettrait à la Russie de redevenir une puissance qui compte.
Le seul souci du bloc occidental c’est qu’aucun pays occidental n’est capable de payer le moindre prix du sang pour défendre quoique ce soit excepté peut être les polonais, les américains et éventuellement les anglais mais les autres vous oubliez totalement donc il faut garder les ukrainiens vivant pour ça qui sont, de facto, le proxy de l’impérialisme occidental « sur leur propre sol ».
Mais les Ukrainiens savent très bien quel camp ils ont choisi : ils ne sont en cela absolumment pas manipulés.
Donc oui, la guerre en Ukraine est bel et bien une faille provoquée par la tectonique des plaques impérialistes : un choc impérialiste « majeur » entre des puissances qui ne peuvent pas ou ne veulent pas se partager un pouvoir.
Au centre, vous avez un pays, l’Ukraine qui a de facto aussi le droit de choisir sa propre destinée en dehors du marasme soviétique qui est , encore une fois, absolumment pas sexy pour une grosse majorité des Ukrainiens.
L’issue de cette guerre et surtout la manière dont le bloc occidental va s’en tirer permettra à l’occident de continuer à asseoir sa domination ou cela sera le début de la fin pour lui.
En cela, la guerre en Ukraine est vital pour TOUS les acteurs du conflit, nous y compris.